Rivière-Ouelle
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Rivière-Ouelle, Oh! viens! terre du souvenir!
Viens, l’aimable conteur est l’enfant de ta rive.
Tu te taisais encore, il a crié qui vive…
Et soudain l’ex voto, s’animant à sa voix,
Lui raconte un miracle inédit d’autrefois…
Puis de rouges guerriers, apparaît une troupe,
Ayant une jongleuse au milieu de leur groupe,
Et puis Madame Ouelle avec son tendre enfant…
Leurs cadavres scalpés… puis les démons hurlant.

Maintenant sans tarder, il faut qu’on mentionne
Le fier Marsouin qui là, près de ces bords, foisonne :
Dix louis par tête, hum! c’est un fort beau poisson!


«Savez-vous bien, me disait un jour un grave personnage du sénat 
d’Ottawa, que le diable, ou un grand saint, est passé chez nous en 
raquette et que, pour y perpétuer ses traces dans le roc, il a choisi 
une saison où il n’y avait pas de neige?

«Que dites-vous là, lui répliquai-je? J’ai ouï dire que nos députés, 
une fois à Ottawa, étaient exposés à bien des jongleries et diableries, 
mais quant à la présence d’un saint ou diable en raquette dans le 
voisinage des chambres, si cela s’est dit, ça s’est jamais vu. C’est là 
une figure de langage, je présume, que vous employez pour m’intimer les 
dangers que courent les pieux membres de l’opposition; et que le 
diable, sous l’habit d’un ministre fédéral, circule constamment parmi 
ces agneaux tanquam leo rugiens, quoerens quem devoret :

«Tas d’histoires que tout cela, me dit-il! Je vous répète, moi, bel et 
bien que le diable ou un grand saint a passé, non à Ottawa, mais à la 
pointe de la Rivière-Ouelle, en raquettes; - que vous pouvez, quand 
vous voudrez, venir voir ses pistes profondément empreintes dans le 
granit du rivage.»

Je lui promis d’aller voir et j’ai vu : mais les mystérieuses 
empreintes requerrent une solution que les géologues seul pourront 
donner. Ces empreintes singulières sont parfaitement distinctes, 
quoique que l'eau de mer et la pluie les effacent peu à peu. Ces 
pistes de raquettes sont creusées sur le flanc incliné d'un rocher que 
baignent les flots pendant les grands vents et les hautes marées. On 
voyait encore, il y a quelques années, selon l'abbé Henri-Raymond 
Casgrain, sur le même rocher, l'empreinte très visible de la partie 
antérieure de deux pieds, ainsi que les extrémités de deux mains, 
disposées à peu près comme les traces que laisserait sur le sable un 
homme appuyé sur ses mains et sur ses pieds. Mais aujourd'hui les 
pistes de raquettes sont seules visibles.

    

La Rivière-Ouelle est le pays par excellence du marsouin. Est-ce que le 
diable en passant en raquettes a jeté un sort sur ces blanches 
cétacées, et qu’elle viennent débarquer toujours au même lieu par 
instinct aveugle une force occulte, surnaturelle! Voilà encore une 
thèse obscure à débrouiller.

La pêche aux marsouins à cet endroit, date du commencement du 
dix-huitième siècle, selon les uns; selon les autres, elle n’aurait été 
connue que vers le commencement de notre siècle et Français 
confondaient les marsouins avec les dauphins. La Rivière-Ouelle est une 
ancienne et belle paroisse : féconde en souvenir, en hommes distingués 
: avocats, marchands, prêtres, évêques, littérateurs, ministres, etc.

Un de nos littérateurs, l’abbé H.R. Casgrain, dont l’enfance entière 
s’est passée au vieux manoir de son père, l’honorable C.E. Casgrain, à 
la Rivière-Ouelle, a trouvé dans un incident tragique de la famille de 
M. Houel, un canevas pour une de ses légendes, la jongleuse en langue indienne, Matchi 
Skueou. La Rivière-Ouelle, la Pointe-aux-Iroquois, sont, n’en doutons 
pas, des sites historiques et légendaires à la fois.

Référence: J. M. Lemoine, l'Album du touriste, pp. 311-313.

                      

    

   


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