Des hommes plus âgés exercent des métiers spécialisés plus traditionnels
et qui exigent moins d'instruction, par exemple les deux forgerons,
le cordonnier, le fabricant de rouets. Ces métiers sont exercés par
des hommes sans terre. Aucun cultivateur n'a le temps, ni le désir,
ni le besoin d'exercer ces métiers. Le village se compose de ces hommes
de métier, de rentiers, de journaliers qui n'ont pas de terre ni de
métier et qui gagnent leur vie grâce à des travaux de voirie, comme
colporteurs, ou encore comme journaliers agricoles. (p. 72)
Forgeron
Le forgeron de village manquait rarement d'ouvrage. En fait il ne
connaissait pas vraiment de périodes creuses, mais selon les saisons
et selon des moments bien précis du cycle annuel, la productivité
pouvait diminuer ou augmenter. Au printemps, par exemple, les cultivateurs
se préparaient pour les labours. Ces préparatifs apportaient de l'ouvrage
au forgeron qui devait réparer l'outillage agricole. En été, le forgeron
connaissait des périodes de travail plus intenses encore. Durant le
temps des foins ou au moment des récoltes, sa journée commençait tôt
le matin, presqu'au lever du soleil, pour se terminer tard dans la
soirée. En automne, d'autres tâches se présentaient: ferrer les chevaux
pour l'hiver dès la première neige, fabriquer ou réparer les traîneaux,
remplacer les lisses de carrioles. En fait, jusqu'à Noël, le forgeron
était toujours très occupé. Après Noël toutefois, il y avait un moment
de répit. L'artisan pouvait alors prendre de l'avance et réaliser
des pièces qu'il emmagasinait pour les périodes plus actives. C'est
en hiver, par exemple, qu'il fabriquait des fers de différentes grosseurs,
qu'il accrochait à un support, attendant les grosses bourrées de l'été.
Construction des barques
Sauf pour quelques cas isolés, la construction artisanale de bateaux
se fait de façon saisonnière. Les constructeurs sont généralement
des artisans du bois qui pratiquent cette spécialité de façon plutôt
irrégulière. Souvent, ce sont des pêcheurs habiles en ce domaine qui
fabriquent des embarcations pour eux et pour les autres pêcheurs des
environs. Le lieu de construction varie selon l'artisan et les possibilités
de son milieux. Parfois, l'artisan aura une grande boutique à sa disposition
alors qu'ailleurs il situera son chantier dans une grange. En maints
endroits, l'artisan montera sa construction nouvelle tout simplement
dehors.
Fabrication du pain
Les conditions essentielles d'une bonne fabrication du pain: 1o. avoir
un levain frais et en bon état pour faire le levain qui doit servir
au pétrissage; 2o. employer un tiers de la farine pour former un levain;
3o. se servir d'eau à la température extérieure dans les temps chauds,
tiède dans les saisons tempérées, et un peu chaude quand il fait froid;
4o. mettre une grande célérité dans le travail; 5o. en pétrissant,
toujours enlever la pâte et ne jamais la presser sur le pétrin; 6o.
faire fermenter la pâte dans les paillons et les couvrir; 7o. chauffer
le four au degré convenable et dans toutes ces parties; 8o. visiter
le pain dans le four, le changer de place lorsque le croûte est prise,
et ne pas le laisser trop longtemps au four. Les boulangers donnent
plus de façons à leur pain; mais il ne faut pas espérer faire un ménage
de pain comme celui des boulangers; outre les façons, la forme des
fours et la manière de les chauffer contribuent chez ces derniers
à la qualité de leur pain. (Gazette des Campagnes, 3-10-1889)