Abbé Maurice Proulx

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C’est en avril 1902 à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud qu’est né Maurice Proulx.  À Ithaca (New York), quelque trente ans plus tard, l’étudiant en agronomie découvre les possibilités exceptionnelles du cinéma pour l’enseignement et la diffusion de la science et des techniques agricoles. C’est alors que commence l’aventure du cinéaste Maurice Proulx.

L’acquisition, en 1933, de sa première ciné-caméra Kodak modèle K lui permet d’enregistrer des images des champs d’expérimentation de l’Université et « mon professeur était le manuel d’instructions », dira-t-il.

L'ingénieur polonais
Les circonstances aidant, à l'automne 1934, c'est le début des périples des colons et il accompagne ces voyageurs qui se rendent en Abitibi. Trois ans durant, il est présent et filme comme un amateur (à 16 images/seconde) les faits et gestes de ces colonisateurs tout en suivant l'évolution de la création d'un pays neuf. Le cinéaste Proulx ayant mis en ordre ses images pour les faire voir au sous-ministre de la Colonisation, Ernest Laforce, ce dernier lui demande de présenter ses vues animées à l'Exposition provinciale de Québec. 



Soucieux de la bonne qualité des images pour lesquelles il a peiné et désireux de bien les conserver, il obtient les sommes requises pour faire tirer quelques copies à New York. De plus, craignant d'être contraint de devoir commenter ses images lui-même à répétition pendant les dix jours de l'Exposition, de 10 heures à 23 heures, il entreprend des recherches pour sonoriser ces copies : " Je savais que le sonore existait sur 16 mm, mais c'était tout nouveau ".



À Montréal, les techniciens d’Associated Screen News ne croient pas la chose réalisable; à Toronto, chez Northern Laboratories, même résultat.  Il se rend alors chez Eastman Kodak à Rochester : les fabricants de pellicule lui fournissent quatre adresses à New York. Il y rencontre un ingénieur polonais aventureux comme lui, un certain Tuluski. Dans son petit studio new yorkais « organisé en broche à foin », l’ingénieur s’applique à enregistrer des commentaires lus par Maurice Montgrain, une connaissance de l’abbé, qui écrivait les textes la nuit précédente de l’enregistrement; simultanément, une musique sur disque qui correspond bien aux images est insérée. Ces sons enregistrés par tranches de 10 minutes sur pellicule optique 35 mm en nitrate passent les étapes techniques requises et c’est avec grande satisfaction que l’abbé Proulx fera le voyage New York-Québec avec des copies sonores dans le coffre arrière.

À son arrivée à Québec, il supervise la construction d’une salle de cinéma dans laquelle les opérateurs du ministère de la Colonisa-tion agiront comme projectionnistes. Il est probable qu’il est peu de visiteurs de l’exposition de Québec en 1937 qui n’ont pas assisté à ces séances d’EN PAYS NEUFS, annoncé comme un film sonore et « pour le ministre de la Colonisation, ce fut une affaire extraordinaire ».  



L'équipe de tournage c'était l'Abbé Proulx
Ceux qui ont fréquenté ou rencontré l’abbé Proulx au cours de sa période très active savent que sa ciné faisait toujours partie de ses bagages. Ainsi, divers événements, diverses occasions, au hasard des rencontres et des voyages pouvaient être prétextes à tourner quelques pieds de pellicule « au cas où… ». 


Tous les caméscopes amateurs actuels sont équipés de microphones incorporés à l'appareil qui enregistrent aussi le son, c'est très simple. Peut-on oublier que c'est seulement depuis peu que l'image et le son peuvent ainsi être enregistrés simultanément sur un même médium et que la plupart du temps la production d'un film sonore a nécessité une bonne préparation technique avant de nous être projeté sur écran.
À partir des années cinquante, le réalisateur d'un film documentaire avait besoin sinon d'une équipe, tout au moins d'un technicien pour l'enregistrement sonore avec l'équipement approprié (microphones, magnétophone, claquette). Et pour tout dire, ce magnétophone devait être équipé d'un moteur synchrone avec celui de la ciné-caméra pour faire en sorte que les commentaires d'un figurant, à tout moment, correspondent bien aux mouvements des lèvres. 




Les premiers essais sont peu concluants pour bien montrer les infiniment petits et leurs ravages. Il était très difficile sinon impossible d’ajuster une grande loupe fixée devant la lentille de la ciné : le temps nécessaire pour ces ajustements faisait en sorte que les insectes n’étaient plus dans le champ de la lentille, «ça ne fonctionnait jamais, ils se sauvaient».

L’idée était d’obtenir des lentilles qui prendraient la place des filtres. Les lentilles pour la macro-cinématographie n’étaient pas disponibles sur le marché. Les spécialistes en optique de Bausch & Lomb ne trouvent pas solution au problème du cinéaste. L’abbé se rend à Québec chez Marine Optical, où un fabricant de lunettes, monsieur Valentine, lui fabrique des bonnettes qui s’inséraient dans les porte-filtres. Ainsi, le cinéaste obtint le résultat qu’ « on peut voir des larves de coccinelle manger des pucerons comme s’ils dévoraient des hot-dogs ». Après quoi, « quand les gens de Bausch & Lomb ont vu le film, ils ont accepté de me faire des lentilles avec du verre optique qui était de qualité supérieure ».

Si les propos qui précèdent permettent de bien saisir la relative complexité d’un nouvel outil qu’il fallait apprivoiser pour bien transmettre ce que l’éducateur sou-haitait montrer et démontrer puisque transporter le champ dans la salle de cours était souvent plus facile que de sortir les étudiants au champ.

On dit de l’abbé Proulx qu’il est un pionnier du cinéma. Comme ses prédécesseurs, en plus d’être un passionné, il était aussi un innovateur, un inventif. 

Référence: Antoine Pelletier, Le Javelier, septembre 2002.


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